Être obèse, n'est pas un signe de bonne santé, pour beaucoup de femmes

15/11/2020

On parle sans détour de "gavage" (leblouh). Les adolescentes, voire même les fillettes dès l'âge de 7 ans, sont nourries de force, contraintes d'avaler des milliers de calories tous les jours afin de grossir rapidement. Entre 14 000 et 16 000 quotidiennement, soit 100 fois l'apport conseillé pour leur âge et quatre fois plus qu'un régime de bodybuilder. Des femmes payées par les familles, quand ce ne sont pas les familles qui s'en chargent elles-mêmes, leur font ingurgiter plusieurs gamelles entières de lait de chamelle par jour ainsi que des mélanges d'œufs, de dattes, de cacahuètes et d'huile. Si elles vomissent ou refusent, elles sont punies physiquement, torturées. Mais la pression sociale est telle que les jeunes Mauritaniennes s'exécutent généralement sans broncher, dans la souffrance.

Une coutume traditionnelle qui perdure

On croyait cette coutume traditionnelle totalement disparue en Mauritanie. Il n'en est rien. Cette pratique ancestrale vient d'être portée à l'écran par une réalisatrice italienne. Michela Occhipinti s'est rendue à plusieurs reprises dans ce pays où elle a recueilli de nombreux témoignages. Elle en a tiré une fiction avec un constat sans appel : si la pratique du gavage n'est plus systématique en Mauritanie, elle est encore largement répandue dans le désert. Elle toucherait 40% des filles.

Il s'agit d'un rituel particulièrement douloureux, qui porte atteinte "à l'intégrité physique de la femme". Pour plaire à un homme, la fille doit absolument prendre du poids et remplir les habits qu'elle porte. 

"Une tradition dangeureuse : diabète, hypertension, problèmes cardiovasculaires, etc...."

Les conséquences du gavage et de cette apologie de l'obésité sont nombreuses et sans surprise. C'est d'ailleurs pour cela que le gouvernement au début des années 2000 avait fait interdire cette pratique et multiplié les campagnes de sensibilisation. Leurs impact s'est fait ressentir, notamment dans les grandes villes où d'autres canons de beauté, plus minces, venus de l'étranger (d'autres pays d'Afrique mais aussi d'Europe et du Moyen-Orient) se sont lentement imposés comme un nouvelle idéal. Mais le coup d'état de 2008 et le "retour aux traditions" qu'il a entraîné a tôt fait de réduire ces efforts à néant.

​Cependant, le gavage, s'observe aujourd'hui essentiellement dans les régions les plus isolées, là où la coutume prévaut sur la loi. Le surpoids demeure le modèle ultime, pour les hommes et pour les femmes qui veulent leur plaire. Et lorsque le "leblouh" ne suffit pas, certaines n'hésitent pas à se tourner vers des médicaments destinés aux animaux, bourrés d'hormones, qui vont déstabiliser tout leur système et leur permettre de prendre du poids et de se mettre encore plus en danger. Quant à celles qui se rebellent et désirent perdre du poids pour se mouvoir plus facilement et être un peu plus indépendantes, cette peur de ne plus plaire et d'être critiquée par ses pairs les retient trop souvent.

Des personnes engagées sur le terrain, comme L'Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF), luttent activement pour que cette pratique soit de nouveau bannie et même criminalisée, tout comme celle des unions forcées 

WOMEN OF AFRICA va contribuer avec l'AFCF, à sensibiliser plus de personnes à cette pratique, par la création d'une application.

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